La technique du brainstorming, que l'on peut franciser en remue-méninges ou brassage d'idées, est une technique déjà ancienne (elle est née aux États-Unis dans les années 1940-1950) qui consiste à rechercher et à recueillir des idées en jouant sur l'effet de groupe. Le brainstorming étant fréquemment pratiqué ou tout du moins connu dans les entreprises, voici un rappel de l'essentiel de la méthode, complété par une approche pragmatique et « opérationnelle ».
MÉTHODE TRADITIONNELLE
Le brainstorming compte deux phases principales distinctes :
• l'émission d'un maximum d'idées autour de la question posée ou du problème à résoudre ;
• le filtrage et le regroupement pour l'exploitation.
1'effet de groupe est fondamental pour l'émission de suggestions et d'idées en grand nombre, pour certaines très originales et/ou innovantes. On compte sur la stimulation mutuelle et le jeu de saute-idées entre les membres du groupe.
Les suggestions absurdes sont admises durant la phase de production d'idées et la participation d'un « candide» est recommandée pour éviter les effets d'autocensure dans les groupes partageant des connaissances ou des expertises communes.
La quantité étant indispensable, il est recommandé de s'inspirer, de piller ou de rebondir sur les idées des autres. Les participants peuvent également combiner ou améliorer des idées émises.
Il existe de nombreuses variations sur la manière de recueillir les idées : écriture par un secrétaire, écriture par les participants, utilisation de papillons repositionnables, etc. L'important est que la production reste visible des participants.
Les règles du brainstorming sont simples, encore faut-il que l'animateur parvienne à les faire respecter.
• toute idée ou suggestion étant bonne par principe, ne pas censurer, ne pas critiquer et ne pas se moquer;
• n'émettre, n'énoncer ou ne noter qu'une idée à la fois ;
• veiller à ce que chacun participe.
Une séance de brainstorming vit généralement plusieurs phases :
• le démarrage, où les idées viennent d'abord lentement;
• la production effervescente, qui est le but recherché ;
• le «trou», période durant laquelle les participants «sèchent» et cherchent;
• la nouvelle phase de production ;
• etc., jusqu'à épuisement (des idées, pas des participants).
L'animateur doit veiller à relancer les participants lorsqu'ils faiblissent et que la production n'est pas encore satisfaisante.
Lorsque la collecte est terminée, par épuisement des idées ou du temps imparti, le groupe doit mettre sa production en ordre. L'évaluation et le regroupement des suggestions doit se faire selon une méthode et des critères admis consensuellement. Un diagramme causes-effet peut servir à la fois de méthode de tri et de réceptacle.
La méthode du vote pondéré est également un choix courant, qui présente l'avantage de structurer le plan d'action dans la foulée.
MÉTHODE MATRICIELLE
Le brainstorming est souvent présenté comme un exercice de créativité, alors qu'en résolution de problèmes les participants sont davantage à la recherche de la liste exhaustive des causes pouvant entraîner le dysfonctionnement.
Par ailleurs, les personnels opérationnels de la production, de la logistique, ou les agents de maintenance ne sont pas forcément à l'aise avec un exercice qui peut leur paraître trop abstrait ou avec l'écriture de leurs idées.
La méthode matricielle s'inspire du brainstorming tout en donnant d'emblée un aspect plus opérationnel, voire plus familier, aux participants.
L'animateur prépare sur un tableau ou une bande de papier kraft une matrice comme celle présentée ci-dessous.
Date : | Groupe : | Problème : | |||
| Matière | Méthode | Main-d'œuvre | Machine | Milieu |
Trop | | | | | |
Pas assez | | | | | |
Pas du tout | | | | | |
Pas la bonne | | | | | |
Pour le problème à résoudre, le groupe est invité à donner ses avis pour chaque combinaison à l'intersection des lignes et des colonnes. L'animateur fait également office de secrétaire et note les suggestions sur des papillons repositionnables, mais sans influencer ni censurer.
Prenons un exemple : le problème à traiter concerne les pannes sur la machine M23.
Question 1 : les pannes peuvent-elles être liées à de la matière trop chaude, trop froide, trop molle, dure, épaisse... ?
Les participants répondent généralement d'abord à la question posée, puis enrichissent spontanément les réponses de leurs connaissances, expériences ou intuitions.
L'animateur laisse foisonner et recadre au besoin. Lorsque la discussion sur la combinaison s'épuise, on passe à la ligne ou à la colonne suivante. Les participants sont autorisés à émettre idées et suggestions pour une autre cellule de la matrice que celle traitée, car il faut en profiter sur le moment pour capturer les associations d'idées.
Si nécessaire, on rajoute des lignes et des colonnes à la matrice en leur donnant la dénomination adéquate.
Lorsque la matrice est remplie de manière satisfaisante et/ou que le groupe a le sentiment d'avoir épuisé le sujet, on passe à la phase de tri/ sélection qui reprend les idées et les suggestions retenues pour les placer dans un plan d'action.
Cette méthode prend quelques libertés avec le brainstorming traditionnel, mais elle permet de focaliser les participants sur l'objectif et offre un cadre structurant, tout en autorisant une certaine « créativité ».
L'usage de cette matrice ne se limite pas à la recherche des causes de dysfonctionnements, on peut l'utiliser pour un exercice d'autodécouverte et de sensibilisation aux gaspillages, ou, comme tout brainstorming, pour un exercice de créativité.
Techniques de productivité - Christian Hohmann -
Éditions d'Organisation
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